Les hommes n’ont plus l’exclusivité de l’accès à la terre, depuis le 7 janvier 2001. La loi sur la parité votée, le vendredi 14 mai 2010, permet aux femmes de siéger dans les commissions locales de distribution des terres.
AllAfrica, 15 Juin 2010 Par Idrissa Sane
“Jusqu’à une période récente, l’accès à la terre était une exclusivité pour les hommes. Une telle disposition est anachronique pour le Sénégal où les femmes représentent 52% de la population.
« Les femmes participent grandement à la production agricole, mais elles ne sont pas les propriétaires des ressources foncières qu’elles exploitent », écrit la sociologue Fatou Diop Sall du Groupe d’études et de recherches Genre et société (Gestes).
Il fallait attendre, jusqu’au le 7 janvier 2001, après le vote de la nouvelle Constitution, pour réparer une iniquité en donnant la possibilité aux femmes d’être des propriétaires terriens. L’article 15 de la nouvelle Constitution garantit, en effet, à l’homme comme à la femme l’accès à la terre. Ainsi, auront-elles les coudées franches pour jouer pleinement leur rôle dans la lutte contre la pauvreté en mettant en valeur des parcelles. Personne ne peut contester la contribution féminine dans le développement économique.
Aujourd’hui, le défi, c’est de faire comprendre aux milliers de femmes du monde rural l’existence de la loi sur la parité, afin qu’elles formulent des demandes d’accès à la propriété foncière. Des organisations comme Enda travaillent à la conscientisation. L’organisation d’échanges pour la mise en application de la nouvelle disposition législative est plus qu’une urgence. Puisque le nombre de braves qui ignorent cette loi ne se compte plus. La vulgarisation de l’article 15 de la Constitution de 2001 aura un impact réel dans l’amélioration des conditions de vie des populations dans le monde rural.
L’application de telles dispositions se heurte à des écueils liés à la place de la femme au sein la famille, entre autre. Certaines, qui ont entrepris les démarches pour obtenir des parcelles, mesurent toutes les lourdeurs.
« Les difficultés des femmes restent liées à l’accès à la terre. Vous savez, dans la région de Diourbel, les femmes sont au second plan, car pour avoir une parcelle de deux ou trois hectares, il faut une gymnastique auprès du chef de village ou auprès du conseil rural », a laissé entendre le Président de Sam Contor, Abdoulaye Malal Kane, lors d’une rencontre.
Faudrait-il le souligner, les difficultés d’accès à la terre trouvent solutions, quand les femmes se regroupent en entités. Cette formule a bien fonctionné. Puisque plusieurs associations, comme l’a fait remarquer la sociologue Fatou Diop Sall, ont pu obtenir des périmètres agricoles.
« Les femmes se tournent vers d’autres formes d’appropriation. Les groupements et les associations permettent une appropriation collective. Dans le cadre des politiques de développement rural, des périmètres ont été alloués aux agricultrices regroupées en associations villageoises pour leurs activités maraîchères et rizicoles. En effet, au Sénégal, le groupement est un élément stratégique que les femmes utilisent pour accéder au foncier », souligne la sociologue dans son article.
Mais, cette stratégie n’a pas levé tous les problèmes, puisque, les sols attribués ne sont pas de meilleure qualité. « Malgré le transfert de la gestion du foncier aux collectivités locales, les femmes sont toujours confrontées à un manque d’assistance pour une prise en charge effective de leurs demandes dans les instances locales de délibération », relève Mme Sall.
A l’en croire, les commissions domaniales ne sont pas toujours enclines à affecter des terres aux femmes conformément à la loi sur le Domaine national. Aujourd’hui, certains croient que l’adoption de la loi sur la parité, qui ouvre les portes des instances locales de décision, mettra fin à cette injustice.
« Les femmes auront désormais accès aux instances locales de prise de décisions au niveau rural. Elles seront présentes dans des commissions domaniales pour défendre leurs intérêts. On ne leur affectera plus des terres pauvres. Elles deviendront propriétaires de terres avec cette loi sur la parité », argumente la présidente du Conseil sénégalais des femmes (Cosef), Fatou Kiné Diop.”
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